Portrait – Camille Brunel, phénomène littéraire de la rentrée

4 min
16 mars 2021

Un article de Sophie Choquet, paru dans la revue Virage n°7 – Automne 2020.

Journaliste, écrivain, critique de cinéma et militant animaliste, il vient de sortir deux fictions, Les métamorphoses et Après nous, les animaux, qui mettent un coup de projecteur sur la condition animale. Portrait de Camille Brunel, auteur engagé, inspiré, qui nous dévoile volontiers son univers.

Début 2019, dans un amphi universitaire lyonnais, il avait présenté son essai Le cinéma des animaux (UV éditions, 2018), qui montre comment le septième art considère et représente les animaux. C’est lors de cette riche conférence de près de trois heures que j’ai d’abord découvert Camille Brunel… et son plaisir évident à partager ses passions. Jovial, éloquent, subtil, il avait visiblement régalé son auditoire. Depuis, sur ses réseaux sociaux, je suis avec délice ses publications, incisives ou légères, engagées ou anecdotiques. À la mi-septembre, je l’ai retrouvé pour un entretien par visioconférence, depuis sa maison de Châlons-en-Champagne. Il était à la veille d’une tournée de promotion pour Les Métamorphoses (Alma, août 2020) et Après nous, les animaux (roman jeunes adultes, Casterman, septembre 2020), qui l’a conduit de rencontres-dédicaces en festivals, à Manosque, Haguenau, Le Mans, Caen, Chambéry…, dans le contexte sanitaire perturbant que nous connaissons. 

À l’écran, Camille me présente Padmé, sa chatte, sa muse, qui est l’une des héroïnes des Métamorphoses et à qui il a dédié La guérilla des animaux (Alma, 2018). Amoureux des animaux depuis toujours, Camille est déjà animaliste sans le savoir quand il rédige son mémoire universitaire sur l’auteur des Chants de Maldoror (1869), un ouvrage poétique où les métamorphoses et les animaux dangereux sont déjà bien présents. Poursuivant son travail autour de son auteur fétiche, il publie son premier livre, Vie imaginaire de Lautréamont (Gallimard, 2011). En réalité, tout son parcours n’est qu’une suite de rencontres, d’opportunités et de synchronicités en lien avec les animaux.

En 2012, alors jeune professeur de français dans l’Essonne, il collabore pour la première fois avec le magazine Usbek et Rica pour un dossier spécial sur le destin animal. À cette occasion, il dévore notamment les Cahiers antispécistes et c’est un déclic. Il se déclare végétarien en 2014, puis végane et militant animaliste en 2016. Cette année-là, il démissionne de l’Éducation nationale pour diverses raisons. En particulier, suite au mécontentement de la mairie qui a reçu une soixantaine de lettres demandant d’interdire l’accueil d’un cirque avec animaux, lettres rédigées dans le cadre d’un travail d’argumentation sur l’animalisme avec ses élèves de seconde. 

Camille me parle de cinéma, de littérature et d’éthique. Il cite quelques auteurs, me reparle de Padmé et des animaux en général, fil rouge de sa production littéraire. Celle-ci se conçoit un peu comme une trilogie : La guérilla raconte la disparition des animaux ; Les métamorphoses raconte la disparition des humains suite à une pandémie ; et dans une sorte de synthèse, Après nous, les animaux montre la part d’humanité chez les animaux – chez les quelques-uns qui ont survécu, en 2086, dans un monde que les insectes ont dévasté. Pessimiste ? Clairvoyant ? En tout cas, ses œuvres paraissent toujours en résonance avec l’actualité. La Guérilla sort à l’époque de la médiatisation des attaques de boucheries ; Camille écrit Les métamorphoses en août 2019, quelques mois avant la pandémie de Covid19 ; et Après nous, au moment d’une invasion d’insectes d’une ampleur inédite en Afrique début 2020. Ses prochains projets d’écriture ? Il sera question des baleines, du peintre Gustave Moreau et du Mexique qu’il affectionne particulièrement…

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