Veggie Burger Ban : on prend les mêmes et on recommence

3 min
05 mars
Karine Vernette

Dernier épisode en date de  la série à suspense “dénominations des viandes végétales”, un nouveau décret tente de faire ce que les précédents n’ont pas encore accompli : bloquer l’essor des alternatives végétales en France. Similaire aux précédents, il reçoit le même accueil, un peu plus excédé encore, par les acteurs de l’économie végétale et les associations, dont l’AVF.

Listant plus précisément les dénominations interdites, le nouveau texte présente cependant les mêmes défauts majeurs que le précédent : il entrave l’activité de tout un secteur économique en plein développement, entre en contradiction avec les ambitions climatiques affichées, et contrevient même au pragmatisme économique, puisqu’il induit une distorsion de concurrence intra-européenne en défaveur des fabricants français. De nombreuses entreprises se sont élevées contre cette nouvelle décision, et comptent sur la Cour de justice européenne et sur de précédentes décisions de justice pour que ce décret soit invalidé.

Pour l’AVF, les objectifs de ce texte sont évidents, d’ailleurs claironnés par Gabriel Attal sur le réseau social X : «répondre à la demande des éleveurs». Les lobbys agro-industriels sont en effet vent debout contre la moindre mesure d’inflexion de la consommation et de la production de produits animaux. Particulièrement caricatural, ce nouvel épisode du Veggie Burger Ban confirme encore la collusion des décideurs politiques avec les groupes de pression de l’élevage intensif, en contradiction avec les engagements climatiques affichés et à rebours de toute mesure d’intérêt général en matière de santé et d’alimentation. 

Une obsession française

Ce décret fait suite à plusieurs tentatives, spécifiques à la France : en 2021, un premier projet d’interdictions de certaines appellations était massivement rejeté par le Parlement européen, qui ne retenait de restrictions que pour certains produits laitiers.

Un premier décret, national cette fois, ciblant précisément les alternatives françaises à la viande était ensuite publié, en 2022, et suspendu dans la foulée par le conseil d’État, qui notait, entre autres, sa possible contradiction avec les règles européennes.

Le Conseil d’État a donc transmis cette question  à la Cour européenne de justice, qui rendra probablement sa décision dans le courant de l’année : le gouvernement veut donc faire entrer en vigueur un texte dont la légalité n’est même pas confirmée.

Parallèlement, la justice française a tranché en décembre 2023 en faveur de l’entreprise Nutrition & Santé, propriétaire de la marque Soy, attaquée par Interbev sur ses steaks de soja. La Cour de cassation a écarté l’argument, présenté par ledit lobby, d’un risque de confusion pour le consommateur.

L’AVF et l’Union Végétarienne Européenne (UVE) dont l’AVF est membre, demandent une information loyale et transparente du consommateur, à l’échelle européenne. Elles restent engagées dans la promotion des alternatives végétales, qui sont l’un des outils de la transition écologique, laquelle passe immanquablement par nos assiettes.

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