Préparations infantiles animales ou végétales, quelle différence ?

Marica Concilio

Marica Concilio est coach en nutrition et en alimentation végétale, membre de la commission Nutrition-Santé de l’AVF.

Lait maternel / lait infantile

Le lait des mammifères est spécifiquement adapté aux exigences de développement et de croissance des bébés de chaque espèce. Ainsi, le lait humain contient moins de protéines que les laits des autres grands mammifères, car le rythme de croissance d’un humain est plus lent. En revanche, il contient plus de glucides afin de fournir l’énergie nécessaire au cerveau qui, lui, se développe plus rapidement.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois et la poursuite de l’allaitement de manière complémentaire jusqu’à l’âge de 2 ans. Le lait maternel est en effet le meilleur aliment pour les nourrissons. Produit à partir des nutriments et autres composants du sang, il contient des leucocytes, des anticorps, des enzymes, des hormones et d’autres cellules actives, substances vivantes importantes pour la santé du nouveau-né, qui ne se trouvent pas dans les substituts au lait maternel.

En effet, le lait infantile – appelé aussi lait artificiel, lait maternisé, lait ou préparation pour nourrisson – est élaboré pour que sa composition soit la plus proche possible du lait maternel, sans pouvoir y parvenir totalement. Le lait maternel, d’ailleurs, varie au fil du temps : le lait précoce ou colostrum, dans les premiers jours, puis le lait transitionnel, et enfin le lait mature, après quatre semaines, s’adaptent aux exigences spécifiques du bébé.

Conçus à l’origine  pour les nourrissons allergiques aux protéines animales, les préparations infantiles végétales à base de soja, riz, amande ou coco constituent aussi une alternative saine pour les enfants végétariens et végétaliens.

Rappelons que les laits de vache de consommation courante ou les boissons végétales – que l’on trouve dans le commerce conditionnés en briques –, ne sont en aucun cas adaptés à l’alimentation des nourrissons.

Laits infantiles à base de protéines de soja, à bannir ou pas ?

Depuis quelque temps, l’opinion publique se questionne sur les effets des isoflavones, des substances présentes dans les végétaux, en quantité plus significative dans les légumineuses et en particulier dans le soja. Ces isoflavones, improprement appelées phyto-œstrogènes, sont suspectées à tort d’avoir des propriétés similaires aux hormones œstrogènes produites par le corps humain. Loin d’être des perturbateurs endocriniens, ayant un effet négatif sur le développement sexuel et la fertilité, elles sont en réalité des régulateurs endocriniens. Les études existantes montrent que les préparations infantiles à base de soja n’ont pas d’incidence négative sur la croissance des nourrissons, leur développement psychomoteur ou le développement de leur appareil génital1. Au contraire, l’utilisation du soja dans l’enfance montrerait plus tard ses effets protecteurs, notamment sur le risque de maladies hormono-dépendantes comme le cancer du sein2. L’Académie américaine de pédiatrie et l’Autorité européenne de sécurité du médicament assurent l’innocuité des formules infantiles à base de soja, qui sont conçues pour répondre au mieux aux besoins physiologiques des nourrissons3.

Lait infantile animal et végétal, quelle différence ?

Que le lait infantile soit élaboré à partir de protéines animales ou végétales, sa composition doit respecter des directives internationales (voir encadré). Une différence : dans les formulations végétales, le niveau minimum requis pour les protéines et le fer est augmenté, car il peut être moins bien assimilé.

À noter que certaines préparations végétales ne sont pas véganes : il est fréquent qu’elles soient enrichies en vitamine D3 d’origine animale, ou qu’elles contiennent de l’huile de poisson. Dans tous les cas, pour choisir le lait infantile adapté à votre enfant, prenez conseil auprès d’un professionnel de santé, médecin, pédiatre, diététicien ou pharmacien.

Pour aller plus loin

« Une alimentation végétale, de la naissance à 3 ans », Mon doc Pratique, Association végétarienne de France, brochure à télécharger gratuitement sur www.vegetarisme.fr.

Des normes internationales strictes

Les préparations infantiles sont fabriquées en conformité avec les normes et les recommandations du codex Alimentarius (ou codex alimentaire), un programme commun de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui vise à protéger la santé des consommateurs et à promouvoir des pratiques loyales en matière de commerce de denrées alimentaires. Dans le cadre de ce programme, après un premier codex standard paru en 1981, portant sur la formulation du lait infantile, un nouveau document constituant une norme internationale a été publié en 2005, établissant les directives que doivent respecter les fabricants, que les laits soient à base de protéines animales ou végétales. Enfin, les laits infantiles sont également soumis à une réglementation européenne spécifique et rigoureuse : outre les dispositions concernant les composants, intégrant des seuils minimum et maximum, elle impose des règles de sécurité concernant les additifs et les pesticides, les points de contrôle des produits et la nature des informations données au consommateur. À noter qu’à partir de 2020, la réglementation européenne4 exigera un apport de DHA (acide gras essentiel oméga-3) dans les laits infantiles 1er et 2e âge.

Notes

  1. Voir par exemple : « Consumption of soy-based infant formula is not associated with early onset of puberty », European Journal of Nutrition, mars 2018, DOI: 10.1007/s00394-018-1668-3 ; « Safety of soya-based infant formulas in children », Vandenplas Y. et alii, British Journal of Nutrition, 2014, vol. 111, n° 8, DOI:10.1017/S0007114513003942.
  2. « Health impact of childhood and adolescent soy consumption », Mark Messina et alii, Nutrition Reviews, vol. 75, n° 7, juillet 2017, DOI : 10.1093/nutrit/nux016
  3. « Use of Soy Protein-Based Formulas in Infant Feeding », American Academy of Pediatrics, Pediatrics, mai 2008, vol. 121 n° 5, DOI: 10.1542/peds.2008-0564 ; « Scientific Opinion on the essential composition of infant and follow-on formulae », European Food Safety Authority, EFSA Journal, juillet 2014, DOI: 10.2903/j.efsa.2014.3760.
  4. Règlement délégué (UE) 2016/127 de la commission du 25 septembre 2015.
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